Catégories
GRAND CONSEIL REVUE DE PRESSE VAUD

« Un élu UDC voudrait introduire les élections proportionnelles »

24 Heures du 17 octobre 2020

Il convient d’adresser nos remerciements à Lise Bourgeois, journaliste au 24 Heures, pour son article décrivant bien les motivations et le mécanisme recherchés par le dépôt de mon initiative constitutionnelle. Seulement deux reproches à formuler : premièrement, il est dommage que ma citation mise en exergue souligne leur seul intérêt électoral de l’UDC pour cette réforme constitutionnelle. Il ne s’agit-là en effet que d’un bonus, tant il est vrai que notre parti souffre depuis longtemps du déséquilibre de représentativité voulu par le scrutin majoritaire. Deuxièmement, il est regrettable que la journaliste n’ait interrogé que les représentants des partis qui seraient perdants de l’introduction de la proportionnelle. Il aurait été intéressant de questionner les plus petites formations et les listes citoyennes, qui accueillent avec bienveillance cette initiative.

L’hypocrisie socialiste

Il nous incombe maintenant de répondre à Mme Jessica Jaccoud, présidente du PS, qui estime que dans les exécutifs, on élit avant tout des personnes. Argument bateau s’il en est. Elle semble oublier que dans toute élection, on élit des personnes, y compris avec le scrutin proportionnel, où l’électeur a le droit de choisir sur sa liste (ou sur une autre liste) les candidats qu’il souhaite privilégier. Il est réducteur de penser que le citoyen ne se prononce pas sur le profil des candidats qu’il veut voir élu dans un parlement élu à la proportionnelle. Au contraire, le scrutin proportionnel offre à chaque votant la possibilité de choisir le meilleur profil au sein de chaque parti ou liste qui sera représenté à l’exécutif. En outre, Mme Jaccoud ne tient pas compte des votes tactiques, du vote utile et surtout de la formidable machinerie électorale mise en œuvre par chaque parti pour appeler à voter compact, justement sans tenir compte du profil des candidats ! Enfin, il est piquant de constater que le PS a toujours fait la promotion de la proportionnelle, y compris en 2011, du moment que cela l’arrangeait. Pas question de toucher aujourd’hui à ses bastions. Halte à l’hypocrisie !

Les Radicaux sur les pattes arrières

La réaction du président du PLR Marc-Olivier Buffat est digne de son parti : ni pour ni contre, bien au contraire ! S’il estime à raison que dans le contexte lausannois, le scrutin majoritaire a démontré ses limites, M. Buffat considère néanmoins qu’il ne faut rien changer. On n’en attendait pas moins du parti qui a toujours combattu la proportionnelle, et ce depuis le 19ème siècle. Quand les souris sont dans le fromage, il est évident qu’elles ne veulent plus en sortir… Enfin, il est difficile de comprendre le raisonnement développé par le président du PLR lorsqu’il parle de « gouvernance » et que cette dernière doit être constituée en fonction des personnalités.

Premièrement, les exécutifs ne sont pas de la « gouvernance » mais des gouvernements. Arrêtons d’introduire le langage managérial (par définition non-démocratique) dans les définitions que l’on donne du fonctionnement de nos institutions politiques ! Deuxièmement, il faut nous expliquer en quoi un collège élu à la majoritaire serait plus collégial qu’un collège élu à la proportionnelle. Dans les deux cas, l’exécutif n’est qu’un assemblage un peu hasardeux d’individus pas forcément disposés à travailler entre eux. Le génie helvétique fait que ce régime de concordance fonctionne malgré tout.

Daniel Brélaz en bout de course

Pour finir, Daniel Brélaz estime qu’avec cette initiative, l’UDC ne fait que « se sauver ». Bien au contraire, ce sont les partisans du statu quo, bénéficiaires directs du scrutin majoritaire, qui tentent de sauver leurs acquis, au mépris d’une juste et équitable représentation des partis ou listes au sein des exécutifs. Comme je le craignais au moment du développement de cette initiative devant le Grand Conseil, les partis se positionnent avant tout sur leurs intérêts électoraux avant de considérer l’intérêt général de cette proposition pour les électeurs vaudois.